Décarbonation : Un sujet déjà d’actualité… en 1964 !

Chronologie années 1960 Toyota

Décarbonation : Un sujet déjà d’actualité… en 1964 !

Pilier majeur du Plan de Relance, la décarbonation de l’industrie constitue un levier clé pour s’engager dans la transition énergétique. Si le sujet fait désormais consensus, il est loin d’être nouveau. Déjà, en 1964, Toyota avait identifié que les émissions de CO2 deviendraient un enjeu majeur pour l’industrie dans les années à venir. Comment le groupe a-t-il anticipé la décarbonation de l’automobile et de sa chaîne de production ? Explications de Cyril Dané, CEO chez AIO.

Avec 78 Mt CO2 eq. émis en 2019 en France, le secteur de l’industrie représente le 4e contributeur d’émission de gaz à effet de serre. Pour tendre vers une industrie plus durable, les entreprises doivent plus que jamais entamer leur transition énergétique. Pour Toyota, cette urgence ne date pas d’hier. Le groupe, qui vise la neutralité carbone en 2035, entend relever une série de défis afin de disposer « d’usines vertes. La neutralité carbone nous donne l’opportunité de fondamentalement repenser la production, » a déclaré Masamichi Okada, responsable de la production.

Production Technology That Evolves

Toyota et le smog

Pionnier sur la technologie hybride et les véhicules roulant à l’hydrogène, Toyota Motor Corporation fait figure de locomotive dans la lutte contre les émissions de CO2. « Dès 1964, le Groupe estimait qu’elles seraient un problème d’avenir, si ce n’est LE problème du 21e siècle, souligne Cyril Dané, CEO chez AIO. Il était à la fois visionnaire et lanceur d’alerte ! »

 

Dans le collimateur, la pollution atmosphérique, et plus précisément, le Smog. Apparu dans les années 40 à Los Angeles, ce brouillard est composé d’hydrocarbures et de dioxyde d’azote, issus majoritairement des gaz d’échappement et de la pollution des usines. Conscients des effets délétères du Smog, les Etats-Unis ont adopté en 1963, le « Clean Air Act ». Une série de directives visant à réduire et prévenir la pollution. « Dans la foulée, Toyota crée un premier groupe de contrôle d’émissions au sein de son département d’ingénierie, synthétise Cyril Dané. L’objectif ? Entamer des recherches pour optimiser les procédés et réduire les émissions. »

A cette époque, TMC explore diverses pistes, dont l’électrique et la technologie hybride. Le procédé n’est pas nouveau, puisqu’en 1900 Ferdinand Porsche s’était déjà penché sur le sujet, en concevant un cabriolet à propulsion électrique, doté d’un moteur à combustion. Dès 1967, Toyota lance également des expérimentations sur les véhicules électriques, venant compléter celles lancées en 1964 sur les moteurs rotatifs, à turbine ou à gaz. Un an plus tard, le groupe se dote d’installations dédiées aux tests des émissions, dont un terrain d’essai. « Par sa vision avant-gardiste, le constructeur japonais a toujours su anticiper les différentes normes en matière d’émissions dans le monde, estime Cyril Dané. Mais la pollution atmosphérique n’est pas son seul cheval de bataille. »

Chronologie histoire de Toyota

Dans les années 70, les chocs pétroliers successifs mettent en lumière la fragilité des sources d’approvisionnement et l’extrême volatilité du prix du baril, qui obligent les constructeurs à se réinventer. En tête d’escadrille, Toyota Motor Corporation, qui explore de nouvelles pistes pour décarboner ses lignes de production et sa flotte. « Au vu de cet exemple, plusieurs questions se posent, souligne Cyril Dané. Pourquoi avons-nous tant tardé à nous préoccuper de la décarbonation ? Quel est le premier pas, pour tendre vers une usine zéro carbone ? » Sur ce point, Cyril Dané donne quelques pistes de réflexion. « Avant toute action, il faut mener une réflexion de fond sur toute l’analyse du cycle de vie (ACV) d’un produit, de l’extraction des matières premières au transport, de la fabrication au recyclage… Mesurer ses émissions de CO2 permet d’avoir une analyse fine de son empreinte carbone : Doit-on revoir le procédé de fabrication ? Les consommations énergétiques ?  Le transport ? L’extraction ou le recyclage des matière premières ? » Catégoriser les émissions est un premier pas vers la décarbonation… Et c’est exactement la démarche qu’a mené Toyota en 1964 en créant son groupe de contrôle ! »